J’ai dessiné les planches 43, 44 et 45. J’ai remanié le scénario : la cinquante-deuxième planche fait maintenant deux planches (si bien que l’histoire en fait désormais cinquante-trois). Je trouvais ça trop tassé. Je n’ai rien ajouté, seulement aéré.
La planche 44 est délicate à dessiner. C’est celle où je m’autorise à fantasmer un peu, en trois cases. La première : sa main se pose sur la mienne. C’est ultra-cliché, mais je m’en fous : le jour où ça m’arrivera, je ne dirai pas « c’est cliché » : je serai heureux, c’est tout. La deuxième : ma main caresse son visage. Ça se corse. C’est très soft, mais pour moi c’est déjà osé… et très érotique (il m’en faut peu). Si je reste si soft, c’est que je vais devoir montrer ces planches, y compris à lui. Je ne veux pas lui faire peur. La troisième : nous nous embrassons. Comment rester pudique, tout en suggérant suffisamment ? Je m’y suis repris à deux fois pour ce dessin. J’ai choisi de représenter nos deux ombres, les silhouettes de nos deux têtes, fusionnées. On comprend, mais on ne voit pas.
Avec maman, on a regardé Il était une fois dans l’Ouest. J’ai avalé les trois heures sans m’en apercevoir. J’ai adoré.
Mon rêve de cette nuit. Dans le métro avec la classe : des copains, et M. A*, le prof. On croise un mec (un jeune, plus jeune que moi). Il n’est pas super beau, mais pas mal. Il est en short. Je regarde furtivement ses jambes. C’est assez anodin. Plus tard, M. A* me parle. Il évoque mon homosexualité. Je suis surpris : il n’est pas censé savoir ! Il me dit qu’il l’a déduite de mon coup d’œil furtif dans le métro. Puis il me dit, sur le ton de l’avertissement (exactement comme s’il me disait « Fais gaffe, ne va pas coucher avec ce type ») que ce garçon en short est séropositif. Je n’aime pas ce rêve.
Le rêve de la nuit précédente était nul. Je lisais « mon » Têtu (c’est-à-dire l’unique numéro que je possède). Maman arrive, je le planque. Dans mon rêve, l’endroit où j’ai l’habitude de le planquer, c’est l’évier de la cuisine, allez savoir pourquoi… Plus tard, je vais dans la cuisine. Maman y est aussi (elle fait à manger). Je regarde dans l’évier : le magazine a été retourné, couverture visible. Argh ! Elle l’a donc vu… Mais elle fait comme si de rien n’était… Je flippe à mort. Fin du rêve.
Cette rubrique « Carnets » reprend le journal que j’ai commencé à tenir en 2003. Dans ce carnet no5 (intitulé B*, 8 juin – 1er août 2005), j’ai dix-sept ans.