Hier, c’était mon conseil de classe. J’ai eu les félicitations, comme d’hab’. J’ai 15,7 de moyenne générale. Heureusement, S* a 16. Je n’aime pas être le premier. C’est pourtant ce qui m’arrive le plus souvent.
J’ai travaillé activement au site du groupe d’Arnaud, dit Fabio. C’est du métal, de la musique un peu dingue, moi je m’en fous, c’est pour rendre service, pour faire plaisir. Et surtout pour m’amuser. C’est un copain de Juline. Elle doit dessiner la pochette du futur disque, elle lui a parlé de moi.
Sur MSN, j’ai parlé à Benoît. Il est poète, en ce moment. Déprimé aussi, peut-être. Il est un peu bizarre. Mais tant mieux : quelqu’un de normal, ça n’a aucun intérêt. Là, j’exagère : c’est pas un extraterrestre non plus. Je trouve quand même qu’il n’est pas comme tout le monde. Benoît m’a dit qu’il commençait un journal, « comme les filles ». Il l’a dit vite fait, comme ça. C’est marrant. Moi aussi, j’aime bien écrire. Même si ça n’a aucun intérêt. Je m’en fous. Je pourrais essayer d’écrire bien, de faire de belles phrases. Il faudrait penser à la postérité. Quand je serai célèbre (avant ma mort, j’espère), on publiera ce carnet.
C’est vrai : j’aimerais bien être célèbre. Non, sérieusement : mon rêve serait de vivre grâce à ma passion. Faire de la BD. Je vois à cela deux avantages : faire ce que j’aime toute la journée ; être payé pour le faire.
J’avais envoyé un sommaire à Spirou quand j’avais quatorze ans et quelques mois. Refusé, bien sûr. Je m’étais dit : « À seize ans, je recommence », mais ils ont supprimé la rubrique.
Mandryka ne m’a pas répondu. Cela fait une semaine : délai tout à fait raisonnable, certes, mais je me demande si j’ai bien fait de lui réécrire. Arthur, qui est dans ma classe, m’a prêté un album du Concombre dédicacé par lui, une édition originale. La classe. Bon, j’ai déjà l’album (merci papa), mais c’était sympa de sa part de me l’apporter. Bien que je n’aie pas l’impression qu’il accorde une grande importance à ce trésor… Le monde est injuste (et ceci n’est qu’un exemple de l’injustice du monde : il y en a des pires).
Cette rubrique « Carnets » reprend le journal que j’ai commencé à tenir en 2003. Dans ce carnet no1 (« Journal, 14 août 2003 – 15 juillet 2004 »), j’ai quinze et seize ans.