Il n’est pas du coin. Il est arrivé là un beau jour ; au début, il s’est étonné : « drôle de terroir, tout de même : on a les pieds dans l’eau, et pour seul horizon un clocher de temps en temps ». Il découvrait le marais. Et puis, il s’est aperçu que le paysage était plus varié que ce qu’on croit d’abord. Et il a fait connaissance avec des autochtones : « ils sont sympas, ces petits machins avec de grandes pattes rouges, et ces grosses bêtes emmanchées d’un long cou ». Il s’y est plu. Il s’est installé.
L’ibis sacré n’est clairement pas une espèce vendéenne, on ne va pas se mentir. Mais il n’est plus africain, non plus, depuis longtemps. Ce sont ses lointains ancêtres qui viennent de là-bas (comme vous et moi, finalement, qui descendons des australopithèques de la vallée du Rift, n’est-ce pas ?). Dans sa généalogie plus récente, cet ibis-là (que j’ai vu hier à la réserve naturelle de Saint-Denis-du-Payré en compagnie d’une échasse) a des grands-parents bretons (comme moi). Ceux-ci se sont évadés du zoo de Branféré dans les années 70 (mes grands-parents à moi ne vivaient pas dans un zoo, par contre, et ils étaient du Finistère), puis ils ont essaimé un peu partout dans les environs.
Mais moi, quand je pense « ibis », avant même de penser à l’animal sacré des Égyptiens antiques, je pense à ce parc à côté duquel j’ai grandi, qui portait ce nom : les Ibis. On y rencontrait des canards, des cygnes et des ragondins, mais pas d’ibis. C’est comme ça.
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