Ça y est. L’épaisseur du trait. Il est disponible en librairie, il va être lu. Drôle de sentiment. Alors que je continue de me demander si ça valait le coup de me donner du mal pour que cette pauvre chose devienne un livre (en alternance avec des moments où, au contraire, je me demande si c’est bien moi qui ai écrit ces mots-là qui, je l’avoue, me plaisent quand je les lis), des lecteurs vont maintenant s’en emparer (je l’espère) et éprouver d’autres émotions encore (pourvu, oui, qu’ils éprouvent quelque chose plutôt que rien…). La première critique est parue jeudi sur le blog de La Viduité. Elle me laisse croire que ce que j’ai écrit vaut le coup. Ça fait du bien de le lire (ici). J’en cite trois passages :
« Au creux d’une langue limpide, d’une patine presque intemporelle, Antonin Crenn écrit un roman léger, profond comme les interstices ouverts par cette lente découverte d’un espace à soi qui nous est conté. […]
Un des charmes tenaces de ce bref roman est sa feinte et gracieuse naïveté. J’allais dire que l’auteur nous plonge dans la peau de cet Alexandre, lycéen de 19 ans, en rupture et enfermé dans son irréalité. Mais, et c’est-là sans doute que L’épaisseur du trait se révèle profondément contemporain, il faudrait mieux parler de l’étonnante aisance de Crenn à nous en faire miroiter les images constitutives. En premier lieu, le décor. Un quartier réellement habité. À l’arpenter, sur plan, avec l’auteur, il nous semble soudain intimement le connaître, en voir surtout chacun des reflets et autres transparences vitrées comme si en tout instant elles renvoyaient « une réflexion un peu voilée, assombrie, maladroitement altérée par le double vitrage qui mélangeait deux images identiques, légèrement décalées. » Une question de lumière, celle du mois d’avril urbain, celle d’un éblouissement léger, passager, derrière une vitre quand on ose, et pour cause, pas sortir. […]
Fuite impromptue aux allures de basculement, L’épaisseur du trait sait nous surprendre, se dépayser pour trouver sens et hauteur de cette appréhension spatiale. Au risque de paraître un peu idiot, il m’a fallut taper cette phrase pour comprendre le vrai vide exhibé par ce roman : le temps, humaine panique, s’en absente radicalement. »
Dans l’ordre, je reprends. D’abord, il y a moi tout seul. Puis, il y a moi qui essaie de comprendre ce que j’ai écrit (pour en parler, le faire sortir de moi). Puis, l’éditeur qui m’a aidé à y voir plus clair. Et maintenant, ce sont les lecteurs qui vont y voir autre chose encore. Tout sera un peu différent à chaque fois, et tout sera vrai à la fois.
Venez, jeudi 17 janvier, aux Mots à la bouche (6, rue Sainte-Croix-de-la-Bretonnerie à Paris 4e) à 19 heures. Je présenterai le livre avec Guillaume, on parlera un peu, on boira à la santé de tous.
Vous pouvez aussi commander le livre chez votre libraire ou sur le site de publie.net.