Je dépose ici, au fur et à mesure, en en oubliant peut-être, les petits mots reçus ou trouvés… au sujet de : Les présents, L’épaisseur du trait, Le héros et les autres, Les bandits, Passerage des décombres, Les étés.
À propos des Présents
Pourquoi pas un pont vers le passé, vers les présences potentielles. Dans sa langue de douceur, délicate à broder à partir de ce qui n’est jamais trop connu, l’amour et l’amitié, Antonin Crenn dessine une nouvelle déambulation où sa très sensible appréhension du décor devient visage attendrie de la perte, possible consolation temporelle. Laissez-vous prendre à la musique, faussement naïve, des dérivations fictives des Présents.
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Les Présents joue avec une réelle virtuosité de la capacité de mise en place méthodique, sous la rêverie toujours prête à bondir, dont témoigne son héros – pour lequel le hasard ne serait finalement que l’expression d’une nécessité particulière. D’un rappel de l’importance des ponts désaffectés – un savoureux leitmotiv chez l’auteur depuis « Passerage des décombres » – à un hommage implicite au viaduc de Morlaix (qui ne rendrait rien ainsi à certain pont de Bezons), de la présence occasionnelle – comme un témoin indispensable du passage – du guide rouge des arrondissements et des rues de Paris à la destinée, sous toutes ses coutures, du « Pourquoi pas ? » du commandant Charcot, Antonin Crenn déploie ici sensiblement plus qu’une « simple » psychogéographie intime et poursuit un travail amorcé dès « Le héros et les autres » : son usage pérecquien et rusé du conditionnel, comme les touches frontalières de fantastique qu’il sait mettre en œuvre, nous permettent d’avancer pas à pas, entre histoire et géographie, entre rêve poétique et cérébralité du quotidien, vers les conditions de possibilité de la création littéraire, toujours à saisir. Lui non plus, ici, « n’habite plus à la même heure », et c’est tant mieux pour la lectrice ou le lecteur qui empruntent son chemin de grâce et de lumière secrète.
Hugues Robert (lire la chronique complète sur le blog de Charybde)
Dans l’écriture d’Antonin Crenn, il y a toujours cette pulsation presque cardiaque entre le réel et, en même temps, la transfiguration qui ne cesse de s’opérer sur sa perception, dans l’esprit de celui qui observe. […] Et cette enquête doit constamment être vécue et perçue par nous lecteurs comme un moment, à la fois, de vérité avec soi-même et, en même temps, de littérature pure, c’est-à-dire de plaisir fictionnel. […] Ces déambulations sont aussi une manière de connaître mieux le temps, puisque chaque déplacement est aussi lié au passé, à la manière dont, petit à petit, Théo place les différentes pièces d’un puzzle qui reconstruit non seulement son enfance, mais également son histoire familiale […] et vous découvrirez comment toutes ces pièces vont s’agencer sous vos yeux pour constituer un cadre qui dépasse de très loin la simple existence de Théo et qui touche, en même temps, de très près à ce qu’il est, lui, au moment où il nous parle.
Nikola Delescluse dans l’émission Paludes (à écouter en entier ici)
Ici, tout procède donc par volutes, associations d’idées ou de souvenirs. Pour un peu, on croirait qu’il a été écrit d’un seul tenant, au fil de la plume, tant certains de ses principes formels, rompant avec les commodités d’usage, sont amenés avec une simplicité désarmante. Il faut par exemple remarquer le statut ambigu de ce « je », qui intervient naturellement à quelques moments d’une narration pourtant dominée par la troisième personne — manière de signifier au lecteur qu’il y a bien un narrateur dans ce livre, et que celui-ci en est le seul maitre à bord ? « Je » désigne l’auteur Antonin Crenn, prenant plaisir à intervenir dans son propre récit, et confirmant s’il en était besoin l’entreprise très directement autobiographique que constitue ce livre. Mais alors comment envisager le personnage de Théo, qui s’impose également comme un avatar autobiographique de l’auteur ? Sans avoir l’air d’y toucher, Antonin Crenn se met discrètement en scène, il est à la fois personnage — ayant une identité romanesque propre — et narrateur, acquérant ainsi le don d’ubiquité, ce qui n’est pas de trop pour naviguer hardiment à travers les lieux et les époques.
Toutefois, l’exploration des mémoires n’est pas sans rapport avec le présent, le vrai, celui qui heurte. Celles-ci sont aussi, chacune à leur manière, des mémoires militantes. La fin du roman vient tristement rappeler que l’histoire est en marche, jamais immobile, et qu’elle charrie toujours son flot de violence. Le roman n’est pas le cadre tranquille et intemporel où se raconte une histoire de famille, mais, ambitieusement, la transformation d’un dispositif fictionnel en un rapport au monde — que nous sommes invités à adopter.
Thomas Terraqué, sur L’Arsenal
La quête et le sens du nom des choses, du nom des lieux, du nom des gens sont autant d’obsessions que cultive Antonin Crenn. Dans Les Présents, son nouveau roman, il navigue dans la ville, entre les époques et les généalogies comme à bord d’un bateau qui file vers le large. Qu’on suive Antonin Crenn en librairie (Le héros et les autres, L’épaisseur du trait, La lande d’Airou) ou sur son blog (antonincrenn.com), la délicatesse et la curiosité du regard qu’il porte sur le monde nous prennent par la main et nous emmènent à la découverte d’espaces géographiques et intimes habités par une mémoire qui attend d’être ravivée, retrouvée.
Antoine sur Les cartons
Difficile de raconter un tel roman, qui assemble, comme un puzzle, des moments éprouvés, vécus ou imaginés, d’ici ou de là, d’hier ou d’aujourd’hui. Avec le fil rouge incertain d’une quête du père : morts ou disparus, que sait-on des absents dont la présence irrigue nos vies ? Avec ténacité et virtuosité, Antonin Crenn creuse inlassablement ce sillon : le passé n’est pas du passé tant qu’on l’éprouve, gage évident de sa présence. Et l’espace, l’espace urbain surtout, pour cet amoureux de cartes, est comme l’empilement fragile de vies que l’écrivain articule les unes aux autres, comme ébloui de ces coïncidences dont il est le maître. Un roman déroutant, fascinant, ancré certes dans Paris, mais ouvrant sur d’autres imaginaires urbains, au même titre que les villes de Julien Gracq.
C. B. et J. G. dans Les notes
On se sent parfois des affinités secrètes avec des textes, ou des expériences textuelles.
Ici, ce serait, au sens large et multiple et un peu perecquien du terme, la question de la disparition.
Et des traces, qu’on remarque ou pas, qu’on cherche ou pas, qu’on développe de diverses façons, par l’exemple par l’enquête, flottante ou pas, l’attention aux petites choses, aux « hasards », le rêve, l’imagination.
Il y a des trous et des blancs et des silences et des tables rases, et alors que fait-on ? Qu’en fait-on ?
Bon eh bien aussi, de l’écriture.
Dans Les présents (quel beau titre, si plein de multiples sens), on tourne autour d’une disparition qui n’est pas que la mort du père quand Théo était enfant, mais aussi l’absence du dernier souvenir, l’absence d’histoires racontée par la mère, une valise de photos non ouverte, le marin « absent », l’oubli du prénom de l’ami.
On se déplace sur des lieux anciens, on arpente Paris, on découvre des escaliers de service, des hôtels transformés en maisons, on prend des trains et des métros, on vit, on fait des liens, des hypothèses, on sonde les strates, les vivants rappellent les morts ou inversement,
et ce avec une idée que j’ai trouvée absolument formidable qui consiste à faire raconter l’histoire de Théo non par Théo lui-même, mais par un narrateur qui serait lui et plus que lui, un double agrandi, en quelque sorte, qui le suivrait à la trace, peut-être l’auteur, peut-être pas, et ça donne quelque chose d’extrêmement intéressant sur tout le processus perceptif, mémoriel, imaginatif qui constituent aussi notre humanité commune.
L’écriture affleure la peau comme une petite brise tranquille, tout en descendant par cercles concentriques si profond, par instants, que c’en est bouleversant.
Accessoirement, ou peut-être pas, ça m’a donnée furieusement envie de marcher dans Paris, et de continuer mes propres quêtes flottantes.
Séverine Chevalier sur Instagram
Cher Théo,
j’ai terminé Les Présents, le roman dont tu es le héros, il y a quelques jours et depuis je cherche désespérément la façon la plus appropriée d’en parler. Je voudrais en dire tant sans pour autant tout en dire. Je suis à deux doigts de renoncer tellement la tache me paraît plus complexe que d’habitude, j’ignore pourquoi.
J’ai l’impression qu’il faudrait que j’évoque L’épaisseur du trait, le précédent roman d’Antonin Crenn, ton auteur, tellement ces romans semblent constituer deux pièces d’un puzzle, deux voitures du petit train littéraire qu’il construit avec toute la méticulosité de l’artisan amoureux des mots qu’il semble être. Tu te doutes bien que je ne prends pas la métaphore ferroviaire au hasard, le train constitue une sorte de locomotive dans la vie des héros “crenniens” qui les mène vers un ailleurs, souvent marin, qui les fera nécessairement évoluer. Ici, tu le sais, c’est à la recherche de ton père en Bretagne que les rails te mènent. Ce père qui a disparu quand tu étais enfant et dont, étrangement, le souvenir revient te hanter quand tu croises un ami d’enfance qui a bien des points communs avec toi et pourtant un ami si mystérieux qu’on ne sait presque rien de lui, et toi non plus, pas même son prénom.
Ton histoire m’a embarqué, Théo. Je t’ai suivi dans tes questionnements, dans ces contemplations que tu partages avec l’ami qui, comme toi, a cette passion pour les « tracés urbanistiques et les millefeuilles topographiques ». J’ai adoré te sentir t’endormir ou revivre ce premier baiser échangé il y a longtemps avec ton amoureux. Je t’ai suivi dans la recherche du décor de cette photo, pièce manquante de la mémoire. Je t’ai suivi dans ton histoire, dans tes histoires que tu inventes sans vraiment le vouloir pour connecter des souvenirs trop flous.
Comme j’avais suivi Alexandre dans L’épaisseur du trait, je t’ai suivi dans cette « aventure intime d’un genre inoubliable ». Et si je t’ai suivi avec autant de ferveur et d’enthousiasme ce n’est que grâce à la plume de ton auteur qui agence ses mots comme un horloger coordonne les aiguilles qui feront de chaque seconde de présent, le passé pas toujours révolu de la seconde à venir, et qui cisèle ses phrases comme un photographe ajuste au millimètre le cadre d’une photo qui aura le pouvoir de garder les absents présents. Des mots et des phrases au service des lieux, des corps, des émotions.
Je ne pense pas qu’un jour nos réalités se rencontrent, Théo, mais je l’imagine, ardemment.
Éric (Kikenbook) sur Instagram
[…] Théo et Édouard font bloc. Ils rassemblent l’épars égaré dans les limbes. Chacun cherche la pièce manquante pour se réaliser. Ils vivent dans le même lieu, l’immeuble du boulevard Voltaire, un haussmannien où tous les protagonistes mêlent leurs points communs, la quête de leurs origines. Entre — monde métaphysique, le temps s’arrête. Les appels et les signaux perdurent. Insistants, ils refont surface immanquablement. La ténacité et le désir de comprendre foudroient ces deux garçons. Cartographie d’une ville, les plans enracinés dans les écueils des questionnements existentialistes. La contemporanéité dévoile les urbanités rassurantes. Ancrés dans les philosophies, les gestes cruciaux bousculent les doutes. […]
Les présents est un phare dans la nuit sombre. Un hommage aux absents qui ont apportés les preuves de l’essentialisme. On ne peut être sans l’originel. Lumineux et initiatique, les êtres sont des merveilles. La rectitude d’un texte qui déploie le parchemin salvateur. Ici, vous avez le sens même de toutes vies, le summum d’un immeuble symbolique. Votre désir de rester bien après le point final. Magistral, solaire, réconfortant il est le champ des possibles, la sève et l’espoir d’émancipation.
Evlyne Leraut sur son blog
Un récit envoûtant. On ne sait pas trop où on marche entre ces lignes. Dans le présent d’un jeune homme de 28 ans (Théo) ? Dans ses souvenirs d’enfance ? Souvenirs réels même enjolivés par le temps ou bien souvenirs imaginés ? Dans sa mémoire ? Mais laquelle ?
On marche en tout cas dans un quartier bien précis. Paris, autour de la place de la Bastille, boulevard Voltaire et alentour. Puis dans un village de Bretagne où Théo cherche l’ombre de son père, ses traces ; l’ombre de son grand-père et de son arrière-grand-père aussi… La mémoire méandre entre faits réels, photos anciennes, imagination et brumes…
envoûtant. Difficile de poser le livre en fin de chapitre. Magie d’une écriture chuchotée.
Un questionnement lancinant sourd entre les mots, dans les blancs de la page. Le rapport entre soi et le lieu. Le lieu est-il fondateur d’une identité ? L’identité d’un être se forge-t-elle en arpentant le lieu ? Le lieu est-il source ? Abri ? Ou bien prétexte à marcher ? Les pas créent la pensée ou bien est-ce la pensée qui crée les pas ?
Tout cela à la fois sans doute, à des degrés différents selon les individus. Je me suis posé la question ce matin en arpentant les pentes de Pra Loup à pieds au lever du jour. Les divers de lieux de ma vie sont comme des jalons, des étapes. Ils ont contribué à mon identité, chacun à son époque, à ce moment de mon histoire. Ces lieux, je les ai traversés en absorbant leurs paysages, leurs amitiés, leurs chaleurs ou leurs froids, leurs brumes et leurs pluies… Tant de paysages respirent en moi…
Si les humains se divisent en deux catégories : sédentaire ou nomade, je suis résolument nomade.
À propos de L’épaisseur du trait
« Antonin Crenn aurait pu se contenter de broder sur cet état des lieux bidimensionnels, et livrer une fiction suave à la Marcel Aymé, laisser vivre son personnage dans un Mondrian monochrome, suivre le tracé des plis. Rester dans le périmètre de son axiome. Mais ce n’est pas parce que le monde est plat qu’il n’est pas incliné, et voilà que le boulevard Diderot agit comme un toboggan, direction la gare de Lyon, « non pas une chute, ni une dégringolade, tout juste une inclinaison, un penchant. Alexandre n’avait aucun effort à fournir. Il se laissa glisser. Arrivé sur le quai, il se trouva face à un train. Qui, de sa tête ou de ses jambes, décida alors de fléchir les genoux, de grimper sur le marchepied, de s’installer à bord ? ». La légèreté du récit ne doit pas rendre notre lecture distraite, et Crenn n’écrit pas distraitement – voyez ce mot : « penchant », comme il se défait soudain sans raison de sa peau géométrique. L’accession aux sentiments passe par une aventure verticale, ainsi que le lecteur va vite s’en rendre compte. »
Claro, Le Monde des livres, 22 février 2019
« Le texte d’Antonin Crenn pratique une poésie minutieuse et affectueuse des choses, de la géographie et de l’architecture de ce quartier près de Nation. Et revisite le thème du passage à l’âge adulte, par la quête d’Alexandre, observateur puis acteur habitant de son trait. »
Frédérique Roussel, dans Libération (12 et 13 janvier 2019)
« Un des charmes tenaces de ce bref roman est sa feinte et gracieuse naïveté. J’allais dire que l’auteur nous plonge dans la peau de cet Alexandre, lycéen de 19 ans, en rupture et enfermé dans son irréalité. Mais, et c’est-là sans doute que L’épaisseur du trait se révèle profondément contemporain, il faudrait mieux parler de l’étonnante aisance de Crenn à nous en faire miroiter les images constitutives. En premier lieu, le décor. Un quartier réellement habité. À l’arpenter, sur plan, avec l’auteur, il nous semble soudain intimement le connaître, en voir surtout chacun des reflets et autres transparences vitrées comme si en tout instant elles renvoyaient « une réflexion un peu voilée, assombrie, maladroitement altérée par le double vitrage qui mélangeait deux images identiques, légèrement décalées. » Une question de lumière, celle du mois d’avril urbain, celle d’un éblouissement léger, passager, derrière une vitre quand on ose, et pour cause, pas sortir. […] Fuite impromptue aux allures de basculement, L’épaisseur du trait sait nous surprendre, se dépayser pour trouver sens et hauteur de cette appréhension spatiale. Au risque de paraître un peu idiot, il m’a fallut taper cette phrase pour comprendre le vrai vide exhibé par ce roman : le temps, humaine panique, s’en absente radicalement. »
Sur le blog de La Viduité
« Entre le douzième arrondissement de Paris, délimité par l’horloge de la gare de Lyon, les voies ferrées, le boulevard Poniatowski ou le boulevard Diderot, et une grande ville méditerranéenne capitale de son pays, définie presque fantomatiquement par une gare au nom d’aboutissement et d’hydrothérapie, une colline faite de débris d’amphores ou un château circulaire, ville rejointe le temps d’un vaste aller-retour en train, rarement le tissu métaphorique de la carte et du territoire aura été aussi habilement et poétiquement travaillé, pour en extraire en l’espèce un subtil, puissant et court roman d’apprentissage. Les trains semblent d’abord être nombreux à être passés sur les voies depuis le pont de chemin de fer désaffecté de « Passerage des décombres » (2017), et les collines à châteaux potentiellement mystérieux avoir bien grandi depuis celles de « Le héros et les autres » (2018) : le troisième texte d’Antonin Crenn, paru en 2019 chez publie.net, maintient pourtant une heureuse filiation avec ces deux signes annonciateurs d’une conquête du corps et de l’esprit qui sera avant tout une émancipation. […] Autant d’ingrédients soigneusement réduits et tamisés pour procurer une douce chimie, un mélange de poésie et de fantastique au service d’une écriture rare. »
Hugues Robert, sur le blog de la librairie Charybde
« Déconcertant, amusant, bâti sur une idée originale, le livre révèle une écriture d’un naturel désarmant, feignant (?) la naïveté de la quête, façon conte urbain. Nous rend attentifs aux détails : une composition architecturale, un agencement de mobilier, une lumière différente, des regards et des perceptions. Car l’écriture vogue, flotte dans les interstices, semble aller de soi en toute décontraction. L’écriture comme une invitation au piquant des rencontres, à de nouveaux départs, aux jeux d’échos et de miroirs. C’est peu dire, mais Antonin Crenn nous met la tête à l’envers comme dans un shaker. Par le voyage impromptu, la promenade insolite, la flânerie pittoresque. Et par l’écriture, répondre à l’impossible équation : Comment habiter des lieux qui disparaissent ? L’arpentage est malicieux, la géométrie variable. »
Michel Ellis, sur son blog L’espadon
« C’est un texte qui, comment dire, respire. Les dimensions du monde par des perceptions parfois mentales, parfois physiques, souvent les deux, ont le rythme du battement de cœur. Les perspectives changent sans cesse. Le personnage est tantôt lilliputien, tantôt géant, tantôt à sa taille normale. Il y a chez lui acceptation de l’inattendu, de l’invraisemblable, c’est en cela qu’il est encore enfant, mais aussi il est tous les âges. »
Daniel Arsand
L’épaisseur du trait est un bouquin superbement casse-gueule. Peu de dialogues ; pas un regard pour les sacro-saintes règles du page turner ; pas d’intrigue à suspens ; et une écriture qui prend le temps de la justesse. Ouch ! Oui mais : une idée lumineuse (on observe beaucoup la lumière et les ombres, chez Antonin Crenn) et poétique.
Voilà que du côté du boulevard Diderot, les impasses, les appartements, les rues se retrouvent soumises aux épaisseurs des traits sur les plans de poche, si bien que telle section tend à disparaître, tel bâtiment enfle, ou bien il faut aménager un étroit passage entre chambre et cuisine de tel appartement parce que le couloir tombe pile-poil à la pliure du feuillet du plan, c’est bien embêtant. C’est même pour éviter ces désagréments que les parents d’Alexandre, 19 ans, sont partis à la campagne, le laissant à une sorte de chambre de bonne, à ses déambulations et à ses rencontres plus ou moins à l’improviste.
On connaissait les écrivains voyageurs ; Antonin Crenn réinvente l’écrivain arpenteur, l’écrivain pedibus jambonneau, déjà expérimenté avec la nouvelle Passerage des décombres et la novella Le Héros et les autres (toutes deux aux éditions Lunatique), avec cependant plus de souffle et sans doute de confiance dans ce nouvel ouvrage. Mais la même retenue. Les sentiments ici se suggèrent, ils résident tout entier dans un geste, une chaleur, dans les silences plus que dans les paroles, surfaces peinant à traduire les ressorts des dessous.
Antonin Crenn, avec sa délicatesse sans emphase, est à la fois un impressionniste qui écrit par accumulation de touches, un topographe, un entomologiste qui se refuserait à punaiser des insectes morts, préférant les regarder vivre avec bienveillance. Chez lui, on observe, on écoute, on décompose pour trouver l’unité — de la vision, du lieu, et aussi de celui qui le parcourt.
Et puis, il n’y en a pas tant que ça, des écrivains qui peuvent se permettre d’écrire « C’est beau », et que ça sonne juste et non creux. Une question de ton, de placement. On trouve aussi chez lui, parfois, un jeu au charme délicieusement désuet avec le vocabulaire, qui nous fait retrouver par exemple l’adverbe « drôlement » de notre enfance avec un grand sourire, ou écrit « à l’entour » comme il y a un siècle.
Antonin Crenn est en train de se construire un style qui, derrière la modestie du bonhomme, révèle un dessein tout de même précis. Comme il a cette façon de raconter bien à lui, c’est presque naturellement qu’il vous fait glisser dans un petit monde avec des règles propres. Un peu étrange, un peu réel. Tenez, il suffit de courir assez vite quand vous sautez dans un train pour le faire démarrer et partir par monts et par vaux. Vous saviez ça, vous ? Il y a du Queneau, là-dedans, dans la poésie de la situation initiale, bien sûr, mais peut-être surtout dans l’art de dire les choses vraies avec simplicité, justesse et tendresse.
Fabien Maréchal, sur Facebook
« On suit les déambulations d’un jeune homme sage livré à lui-même, tiraillé entre un besoin d’être rassuré et une aspiration à connaître autre chose que les limites étriquées de son quartier. C’est dans la ville lointaine […] qu’il découvrira la liberté, la sensualité, le désir. Cette fable métaphorique sur l’émancipation, le passage à l’âge adulte, joue malicieusement avec des contraintes de départ. Elle est baignée d’une atmosphère subtilement onirique doublée d’une inscription dans le concret marquée par des descriptions précises des lieux, l’attention aux détails. D’une écriture délicate, le roman dégage un charme éthéré, discret mais tenace, original et séduisant. »
M. D. et C. B., l’Hebdo des notes bibliographiques
« Il est fin, ce roman, discret et à la fois porteur d’un univers personnel en pleine expansion. Antonin Crenn raconte l’évolution d’Alexandre, qui se retrouve à vivre seul dans un petit espace qu’il doit réorganiser alors que des pliures traversent l’appartement d’un ami, et que l’impasse où habite un autre disparaît parfois. Au fil d’une écriture poétique et minutieuse, tendre et précise, c’est un véritable jeu de miroirs qui se met en place, reflétant une connaissance pointue de Paris, un goût certain pour l’architecture et un joli rapport au passage à l’âge adulte. À la fois roman d’apprentissage et roman urbain, l’Épaisseur du trait dessine un espace à géométrie variable, mais toujours positive. »
Bookalicious.tv sur Instagram
« Un petit roman d’une grande originalité, qui conte dans une langue délicieuse ce délicat passage vers l’âge adulte qui consiste à sortir d’un cadre imposé par la génération qui précède. L’auteur prend malicieusement cet axiome au pied de la lettre pour suivre les pérégrinations d’un héros à la découverte de sa liberté dans un univers quasiment onirique. »
Carole Le Novère, coup de cœur de la médiathèque de Châteauroux
« Il est des livres où on sent la petite musique dès les premières lignes, et on sait qu’elle demeurera jusqu’après le point final pour s’imposer. L’Épaisseur du trait est de ceux-là, et il n’y en a sans doute pas eu beaucoup des comme ça à avoir paru cette année. On salue donc l’évènement.
C’est l’histoire d’un rapport contrarié au réel, ou bien l’histoire contrariée d’un rapport au réel. En deux mots, Alexandre vit dans le plan plus que dans la ville. Paris est un plan et Alexandre est minuscule sur le plan. D’ailleurs, son appartement est si insignifiant qu’il est tout entier contenu dans l’épaisseur du trait du plan, qui est aussi la ville. Le plan est la ville, et inversement : les deux dimensions se confondent. Un de ses amis vit dans une impasse qui, trop insignifiante encore, disparait régulièrement à cause de la négligence des cartographes. Un autre vit sur la pliure, ce qui défigure l’appartement, poussant ses parents excédés à déménager. C’est une grande idée de roman.
Très vite, on pense au Perec de la Tentative d’épuisement d’un lieu parisien, ou encore à quelques flâneries Modianesques, mais on pense surtout à Boris Vian. On lit Antonin Crenn comme on lisait Vian lorsqu’il était encore à la mode, étonnés de ses coups de boutoir incessants contre le réel. Bientôt, le bel Alexandre s’autorisera une fugue vers Rome, où il se laissera prendre aux joies des sens et de la troisième dimension. On n’en dira pas plus.
La phrase d’Antonin Crenn est douce et souple, parfaitement dentelée, et s’autorise parfois quelques jolies ruades. Alexandre pose sur le monde un regard d’esthète charmant ; il considère les espaces, les architectures, les sculptures et les toiles de maître qui peuplent sa vie anonyme. Il s’arrime aux détails du monde les plus petits — ici, la lueur d’une cigarette dans la nuit — , il se perd parfois, mais pendant sa fuite il fera l’apprentissage de l’âge adulte.
Inventif, L’Épaisseur du trait n’a pas non plus peur des mots naïfs. On admire la redondance de formules que beaucoup ne se permettraient pas : « parce que c’était bon », « c’était agréable de », « la scène était belle » etc., des mots simples, bêtas, desquels on serait pourtant mal avisés de se moquer. À travers le personnage d’Alexandre, délicieusement lunaire, l’auteur ose l’évocation de la plus grande simplicité d’être au monde ; l’affirmation qu’il faut dire haut et fort ce que les sensations ont de plus ingénu.
Alors on glisse sur la langue. On est derrière Alexandre, on ne le quitte pas d’une semelle, on partage ses plaisirs majuscules de Paris à Rome. On voudrait en même temps que lui s’immerger dans le Tibre ou fréquenter l’impasse Mousset quand elle n’a pas disparu. Sur tous les plans, donc, une franche réussite. »
Thomas Terraqué sur son blog L’Arsenal
Ai lu L’Épaisseur du trait d’Antonin Crenn. Maintenant une immense sensation de douceur (celle qui arrive à bouger les lignes mieux qu’une force figée) s’installe en moi. Ici, espace et temps s’interpénètrent, corps devient âme et vice-versa, le ciel se met à respirer au-dessus de Paris – et agrandit le cœur et la chambre. Et aussi – et ça la quatrième de couverture ne nous le dévoile pas – on y arrive à saisir à quoi peut ressembler un doux feu de tendresse quand on est un homme délicat et qu’on en rencontre un autre tout aussi délicat et incroyable.
Katia Bouchoueva sur Instagram
Entrer dans « l’épaisseur du trait », c’est accepter d’emblée son décor. Le résumé dévoile en quelques mots l’intention de l’auteur : faire vivre Alexandre, un jeune ado parisien, sur le plan d’une Capitale où largeur et longueur des rues laissent proportionnellement peu de place aux immeubles qui les bordent. Alexandre vit donc dans un appartement situé dans l’épaisseur d’un trait quand d’autres vivent dans des immeubles abîmés par les pliures du plan. Son espace est limité par les deux pages sur lesquelles s’étale son quartier, et il le vit jusqu’à maintenant très bien.
Mais l’adolescence a ceci de romanesque qu’elle donne des envies d’ailleurs, des envies d’autres. Des envies qui naissent par des rencontres. Et Alexandre rencontre Ivan, un garçon qui habite dans l’immeuble d’une rue si petite qu’elle n’existe que par intermittences. Et à partir de là, on évitera d’en dévoiler beaucoup plus.
Antonin Crenn réussit parfaitement à nous embarquer dans l’univers d’Alexandre. Il écrit les visages comme il décrit les plans en ajoutant aux lignes, aux courbes, aux traits, toute la mélancolie, la douceur, la tristesse et la nostalgie que peut faire émerger une plume sensible et poétique.
Alexandre est un Rastignac partant à l’assaut de sa maturité en montant dans un train qui l’emmène au-delà de la double-page de son adolescence pour le faire arriver dans une ville étrangère. Là, le presqu’adulte prend de la hauteur et se découvre en même temps qu’il découvre le goût de l’autre. Un autre incarné par un jeune homme qui se trouvera comme le guide du parcours initiatique du héros, un autre au prénom symbolique qui a perdu le grec de son i pour n’en garder que la romanité : Ulisse.
Car L’épaisseur du trait est tout en symboles, tel un conte moderne avec ce qu’il faut de douceur et de sensualité. Les descriptions y sont nombreuses mais la fluidité d’une écriture travaillée ne les rend ni rébarbatives ni superflues, au contraire. C’est un véritable objet littéraire que nous donne à lire Antonin Crenn et c’est avec un plaisir et curiosité que j’irai découvrir le reste de sa production.
Éric (Kikenbook) sur Instagram
L’épaisseur du trait d’@antonincrenn, paru aux éditions @publienet, est un récit d’initiation touchant qui souligne, mêlant le réel et ses représentations dans un style limpide, que l’on peut s’échapper des plans préconçus qui déterminent notre vie.
Liber (@Graphophile) sur Twitter
Voici quelque chose de nouveau pour moi. Une écriture chuchotée. Douce et tranquille. Que j’ai suivie avec un plaisir nonchalant et une curieuse gourmandise. On est dans un quartier de Paris, avec Alexandre, un grand ado lycéen. Juste un quartier. Juste une vie et ses copains. Comme tous les quartiers de toutes les villes, il y a un plan. Tout le roman promène son lecteur entre le quartier réel et son plan. Un plan, avec ses plis, ses cases et ses orientations. Comment vivre chez soi quand la maison est traversée par un pli ?
Ça surprend. Ça amuse. Ça déroute mais comme on a un plan, on se perd pas. On suit. Beaucoup de sourires à lire ces pages.
Un livre qui nous entraîne dans l’imaginaire tout en restant ancré (encré) dans le réel d’un quartier, d’une vie. Pas besoin d’explorer le globe quand on a sous les pieds, sous les yeux des centaines d’aventures locales.
Un livre à lire dès 15 ans pour tous ceux et toutes celles qui aiment être surpris.
Patrick Joquel
À propos du Héros et les autres
« Loin de tout c’est l’enfance, en plein dans le bain du monde. Et ce monde c’est avant tout une nature qui paraît installée depuis toujours et pour toujours, le contraire du bruit insatiable que s’évertuent à créer les grandes personnes qui régissent les affaires, faux héros mais vrais guignols de notre temps. De ce monde apparemment immuable surgissent des cadeaux pour le regard, des apparitions. Ou des souffles. Le personnage, Martin, qui baigne ou est baigné, il est évidemment seul comme vous et moi, comme nous l’étions à un certain âge où rien ne se dit mais s’imprime en soi. Il sent son environnement comme le sent un grand solitaire ou un enfant, avec une sorte de perception qui rend équivalentes toutes les valeurs du paysage. Pas de lointain, pas de proche, c’est un milieu ambiant où la conscience d’être, qui n’est ni heureuse ni malheureuse, évolue et remarque, et écrit. S’écrit. »
Jean-Claude Leroy, sur son blog Outre l’écran (Mediapart)
« Un village du Lot, un intense émoi adolescent, la création d’un monde intérieur vivace et résolu. […] Antonin Crenn avait su déjà nous surprendre en 2017 avec sa Passerage des décombres, qui transformait un minuscule bout de chemin de fer désaffecté en un surpuissant levier à imaginaire. À nouveau chez Lunatique, il nous offre en ce mois d’octobre 2018, avec ce Le Héros et les autres, une singulière échappée au beau milieu des tempêtes et des désirs sous un crâne adolescent d’apparence ô combien impassible, organisant à merveille un formidable décalage entre le rêve intérieur, l’aspiration forcenée et le quotidien banal qui leur sert de cadre apparent, là, où, foin des bocks et de la limonade, et foin de l’Espagne, ce sont des châteaux en Quercy qui tiennent lieu de catalyseurs des espoirs à se conquérir pour soi-même – et pour les autres, choisis. »
Hugues Robert, librairie Charybde (Paris), sur son blog
« Le héros et les autres, c’est l’histoire de Martin, qui ne sait pas comment faire avec les autres, dans toute leur quotidienne opacité, toute leur virilité ordinaire, et qui ne sait pas qui est le héros de sa propre histoire. Le héros prend la forme d’un jeune homme anonyme au cri muet, sur le point de mourir depuis un siècle, sans avoir rien demandé à personne, mais proclamé héros au milieu du square urbain d’une ville qui n’en est pas une, un peu absurde lui aussi ce square urbain à la campagne ; c’est peut-être pour ça que Martin aime ce lieu. Car Martin aime les lieux. Sa principale activité est de les parcourir, de les découvrir, de les faire découvrir. Depuis Passerage des décombres, du même Antonin Crenn, on avait compris que les lieux sont les lieux de la découverte de soi, ou quelque chose comme ça. Le héros et les autres est un bref et beau roman qui poursuit ce chemin. Il vient tout juste de paraître aux éditions Lunatique. »
Philippe Annocque, sur son blog Hublots
« Un climat doucement oppressant. […] La peinture de l’enfermement en soi, sans que ça parle jamais d’autre chose que du monde extérieur. »
Jérémie L.
« Et sur ces quelques pages ramassées, Antonin Crenn arrive véritablement à nous faire pénétrer dans cette adolescence toute particulière, très tourmentée, tourmentée parfois vainement (et Martin en a conscience) mais tourmentée malgré tout, avec cette incapacité à dire les choses, à savoir de quoi parler, et avec ce sentiment d’être comme derrière une vitre, une vitre qui sépare le personnage principal, ce fameux héros, des autres. […] Il y a chez René Crevel cette sensation, ce sentiment d’être séparé par ce qu’il appelle d’« obscènes membranes ». On retrouve ici, distribué différemment bien évidemment, avec l’écriture d’Antonin Crenn, cette même interrogation sur ce qu’il serait possible de faire disparaître entre nous pour permettre à nouveau cette rencontre impossible. Rencontre impossible qui est au cœur même du Héros et les autres. »
Nikola Delescluse dans Paludes du 23 novembre 2018, sur Radio Campus Lille
« C’est très étrange cette ambiance, ce rendu de la ville, très onirique (lunatique…!). C’est Saint-Céré et ça ne l’est pas, comme un lieu distendu… »
Cécile F., libraire à Saint-Céré (Lot)
« Dans la solitude de la petite ville nocturne ou dans la nature, Martin erre à la recherche de lui-même. Seul il se sent bien, mais la norme à son âge, c’est la communauté. L’adolescence et ses codes sont rigides, le ridicule et l’ostracisme ne sont jamais loin et dès lors, comment s’en sortir ? C’est peut-être par l’attention qu’il porte à la nature que Martin cultive sa différence. Grâce à cet univers toujours vivant, toujours changeant, il échappe aux exigences d’un monde étroit qui enferme et se fige. […] »
Sandrine, dans le webzine Tête de lecture
« Ces paysages, le château, le square et sa statue, la rivière semblent être des personnages à part entière. Et c’est très agréable de se laisser porter dans cet environnement, qui semble perdu au milieu de nulle part (on ne sait même pas où est la gare la plus proche). J’ai aimé être totalement centré sur Martin, que sa famille ne semble pas exister, et voir un personnage apparaître et disparaître, tel un fantôme. Le Héros et les autres a beau être réaliste, on est jamais très loin d’un certain onirisme, ou même d’un certain mysticisme. »
Coline, sur son blog Biblioqueer
« C’est merveilleux. Tu as une voix unique, une voix insistante qui séduit et bouleverse en même temps. »
John R. B.
« Tu places d’emblée ton lecteur au cœur d’une déambulation rêveuse, on sillonne des rues, des places, des prés, les bords de l’eau, et l’eau elle-même dans les ondulations d’une longue phrase. Tu t’attardes sur quelques reflets, sur des silhouettes qui passent, qui courent, qui plongent. Des éclats de lumière, des irisations pétillent ici et là. Une statue de bronze installe sa présence violente et douce parce qu’elle est à la fois humaine et froide. D’ailleurs, parfois on a froid, mais parfois aussi c’est la chaleur qui fait chavirer, qui accélère le rythme du cœur. Un corps tombe à l’eau, un autre traverse la ville comme un éclair, on parle d’une gare, d’un château, de tours écroulées, on continue de se laisser porter sans savoir où on va, mais on s’en fout, peut-être qu’on coule, qu’on a coulé, qu’on n’est plus là. Peut-être qu’on est mort, ou qu’on rêve. Oui, c’est sûrement cela, on est dans un rêve, le rêve d’un rêve, ou dans le souvenir. Nerval. Verlaine, impossible de ne pas y songer. La petite musique intérieure, insidieuse, enveloppante. Et pour cela aussi, pour ces petites notes auxquelles il faut prêter l’oreille, qui peuvent se réduire aux craquements des feuilles sous les pas, ou à des coups de bec contre la vitre — merci. »
Raymond Penblanc
À propos de Passerage des décombres
« Une plante au goût d’enfance, un chien qu’on empoisonne, une mort qui tient de l’escamotage. Étrange, proche du rêve, l’art tout en finesse d’Antonin Crenn. »
Raymond Penblanc
« Cette nouvelle nous a beaucoup touchés en ce qu’elle est l’histoire d’un amour secret entre deux garçons de notre âge. »
Les élèves de seconde du lycée Cordouan, Royan (Charente-Maritime)
« C’est une nouvelle forte. On traite peu l’amitié, et même l’amitié amoureuse, ce sentiment qui est fait d’amour et d’amitié (ce qui n’est pas toujours le cas, me semble-t-il ). La description de cet Eden qui se fera tragique, mais d’un tragique que vous clôturez sur une sorte de sérénité, est dense. »
Daniel A., écrivain
« Terrains de mémoire et de drame, de joie et d’innocence. […] Antonin Crenn nous y charme, nous y désarçonne et nous y ravit finalement. »
Hugues Robert, librairie Charybde, sur son blog
« Une nouvelle étonnante, poétique et un brin cruelle à la fois, petit ovni de littérature qui titillera les lecteurs curieux. »
Sur le site d’Exploratology
« C’est tout court. Trop ! Parfois la lecture fait vibrer. Parfois la lecture pense… ou panse. Parfois la lecture émeut. Que ces mots sont beaux ! Voilà. Libres et beaux. »
Vincent V. A., sur Instagram
« Une nouvelle d’Antonin Crenn qui m’a intriguée par son titre. Accordez-moi du lexique et de la botanique, et regardez-moi sourire extatiquement. Et puis parlez-moi de talus et je revois Marcel et Lili des Bellons, les gamins de Stand By Me et mes propres balades enfantines dans les ornières. Ici, il est question d’un chien, de Titus et de ces choses qui nous font grandir vite et accélèrent la sédimentation des souvenirs. »
Anne-Lise Remacle, sur Instagram
« Vous avez très bien réussi la transmutation du langage oral (de l’univers enfantin) en langage littéraire en prenant appui sur un paysage d’herbes folles. Vous avez réussi à rendre cela vivant et fort. »
Brigitte S., écrivaine
« Une belle histoire sur les souvenirs d’enfance écrite avec simplicité, douceur et sincérité. En bref, une nouvelle pleine de tendresse, de sincérité, un peu mélancolique et surtout très touchante. »
Nadège, sur son blog Ma little clémentine
« Une nouvelle surprenante qui nous plonge avec justesse, en quelques pages, dans les souvenirs d’enfance, les jeux et leurs douceurs parfois piquantes, jusqu’au moment où il faut grandir. »
Ricky Bouquine, sur Instagram
« Ça se lit en dix minutes et pourtant cela marque le lecteur pendant longtemps. »
Un lecteur ou une lectrice inconnus sur Booknode
« Cette nouvelle est un petit bijou de sincérité. le narrateur s’exprime dans une langue à la fois très simple, très orale et très précise. Rien n’est laissé au hasard, même s’il se plaît à se promener dans une ruine, une friche, un endroit où la nature reprend ses droits. Cette histoire est un duo avec son ami, son meilleur. On suit leurs parcours d’enfants et d’adolescents. Ils se cherchent, se trouvent, se rencontrent, s’aiment à leur manière. La friche est toujours là, témoin de l’indicible. C’est pour cela qu’on y retourne. Un lieu où la mémoire poursuit sa route. »
Thierry Moral, sur Babelio
« Le texte est très beau, un peu mélancolique, des souvenirs d’enfance, comme des périodes heureuses qu’on ne revivra pas, mais il est aussi positif puisque d’autres beaux moments existeront. C’est une nouvelle touchante, tendre, pleine de douceur. »
Yves Mabon, sur son blog
À propos des Bandits
« Il y a ce passage charnière où toujours à touche discrète, avec élégance, juste un effleurement tout nous susurres la suite à venir, et ce passage qui est un point de bascule situé aux deux tiers est vraiment très beau, émouvant. […] Rien ne doit être aussi difficile que ce que tu fais, te tenir à la lisière du vide et quand même tenir ton récit par le style, ce que tu exprimes du plus profond de ton cœur mais sans être dans la démonstration, sans nous peser, toujours à distance respectueuse du lecteur. Cette nouvelle est d’une infinie douceur tout en évoquant un drame, mais drame n’est même pas le mot qui nous vient à l’esprit en te lisant, paradoxalement c’est encore trop fort – et c’est là la prouesse de ta nouvelle. Tu injectes de la légèreté das le drame, parce que la vie continue, qu’elle a malgré tout continué et que les êtres manquant existent et existeront toujours grâce à la littérature.
[…] Les Bandits est anti-spectaculaire, c’est ça que je me dit. Elle ne tape pas du poing, n’a pas recours à des effets de manches. Pourtant elle porte en elle quelque chose de grave, comme souvent tes nouvelles. Et ce grave tu l’abordes toujours en faisant un pas de côté, un pas silencieux. C’est ce qui touche tant dans ton écriture, cette façon que tu as de caresser les choses plus que de t’en saisir à pleines mains. Et pourtant, l’air de rien, tu touches au cœur de ton propos, de ton sujet, et nous y transporte presque par magie Les Bandits oscille entre légèreté et gravité sans que le frontière soit pour autant nette, tranchée et c’est pour cela aussi que ta nouvelle tient d’un bout à l’autre, à chaque ligne portée par un vent léger, presque imperceptible. Et c’est précisément comme cela que m’apparaît ton écriture qui ne s’annonce pas, qui ne claironne pas, comme j’imagine doit être l’amour. »
Laurent P., écrivain
« Cette très belle histoire racontée par Antonin Crenn est d’une tendresse et d’une sensibilité infinies. Un album des petites choses du quotidien qui deviendront nos souvenirs les plus prégnants. Beaucoup de pudeur, d’émotions et une manière de raconter toute en finesse et en délicatesse. »
Yves Mabon, sur son blog
« Nous venons de lire à 4 yeux ton si beau livre. Nos 4 yeux ont été embués. Nos 2 cœurs ont été remplis de si jolies émotions. Et ma petite tête de papa s’est souvenue que la seule chose importante avec les enfants, c’est le temps passé avec eux. »
Vincent V. A., sur Instagram
« Le livre est très beau. Ces galets sont des pépites, et les « illustrations » se lisent comme autant de signes (de piste ?) à travers une superbe archéologie de l’enfance. »
Raymond P., écrivain
« Tellement sensible et émouvante, cette histoire de famille. J’adore ce papa aimant et ces enfants adorables. Tout cela est tendre et tellement bien dit. »
Simone A., artiste
« À la fois aérien et plein de douceur. »
Lætitia B.-D.
« Le texte est très beau, […] j’étais un peu désarçonnée au début et finalement j’ai versé ma petite larme sur la fin. »
Anne M., illustratrice
À propos de Les étés
« Une cabane de plage comme destination de vacances familiale. Chaque année, un jeune garçon part avec ses parents et son frère en bord de mer. Mais des aléas de la vie déguisés sous la plume imaginaire et poétique d’Antonin Crenn viennent bousculer l’équilibre. C’est l’une des nouvelles qui m’a le plus émue par sa thématique et son traitement. »
L’ivresse littéraire, sur le recueil Petit ailleurs et ma nouvelle « Les étés »
À propos de La boîte en bois et la boîte en carton
« Un recueil de dix nouvelles d’autant d’auteurs, toutes tournant autour du thème de cet oncle dont le lecteur doit se demander qui il est. […] Deux qui sortent du lot et méritent très certainement le détour : « Oncle Bob » de Fabrice Décamps pour son côté équivoque et « La boîte en bois et la boîte en carton » d’Antonin Crenn, un petit bijou de fantastique du quotidien. »
Bernard Viallet, sur Babelio
À propos de L’Altitude
« Je devrais dormir maintenant, mais alors que j’étais sur le point de fermer les yeux, la nouvelle L’Altitude d’Antonin Crenn m’est venue à l’esprit et je voulais en parler un peu car elle m’a profondément émue. […] C’est une œuvre à la fois pure et innocente, mais aussi d’une grande complexité et d’une énigmaticité qui m’a laissée perplexe pendant plusieurs jours. »
Rie sur Twitter